Joseph D' Anvers - Chronique Album "Les Jours Sauvages" - Pierre Derensy
Pour un nombre incalculable de chanteurs, il faut battre le fer tant qu’il est chaud. Après « Les Choses en Face » et quelques chansons dans la musette concoctées pendant sa tournée, Joseph d’Anvers aurait pu capitaliser sur le succès de son premier disque. Recopier l’originalité folk ouatée de son premier ouvrage, en brodant du convenu. Mais comme bisser n’est pas joué, il préféra changer de lignes d’horizon et attendre que l’inspiration capitalisée de Rio à Los Angeles fasse honneur à sa réputation.
Cet exil capricieux procure à ce second opus un internationalisme salutaire. A trop cadrer sa musique dans les pas de Miossec (qui faisait une apparition sur son 1er disque), ou de Daniel Darc (qui lui conseilla de ne pas baisser les bras quand il n’était pas encore connu), Joseph d’Anvers ne pouvait pas extérioriser aux oreilles de son public tous ses goûts dispersés dans la nature (du classique au hip-hop).
C’est dorénavant chose faite. A partir de ses disques de chevets, dont Gorillaz que l’on retrouve sur « Kids » en duo avec Money Mark, Blonde Redhead que l’on entend de ci de là sur les 13 titres, les Beastie Boys via Mario Caldato Jr génial producteur qui s’est affairé à tant de monstres sacrés que l’opportunité qu’un petit frenchie affranchi touche à tout, trouve l’audace de lui laisser les clefs de ses jours sauvages, qu’au final cet opus est si peu marqué par la France au niveau musical et tellement « ailleurs » que Joseph d’Anvers a définitivement largué les amarres d’une vie terrestre.
S’attaquant au thème de l’addiction sur « L’Amnésie » ou « 1000 Fois » sous toutes ses formes, ou se posant en juge et parti sur les peines de notre société avec « Les Anonymes » ou « Par Avance », Joseph d’Anvers personnage rempli de doutes et perclu de bleus à l’âme n’a jamais été aussi piquant.
Un disque qui s’écoute facilement et se comprend sur la longueur. Rien de plus beau.