Monsieur Roux - Chronique Album "Ah si j'étais Grand et Beau" - Pierre Derensy
Il y a comme des envies de plages avant l’heure dans le premier disque de Mr Roux. Un souhait de bière fraîche aussi, d’une partie de foot entre copains avec les fringues pour faire un but.
Chez ce rennais, les personnages de ses chansons sont tous, et lui particulièrement (car il revient souvent sur le divan d’auto-analyse) de mauvaises fois. Des forts en gueule parce qu’ils ont été dans leurs jeunesses plutôt mauvais en math.
Ceux qu’on appelait dans le passée des vauriens et qui maintenant se font traiter de racaille. Alors comme pour réparer une certaine injustice, il dessine des portraits de ses contemporains, avec des mots et le sourire au coins des lèvres, satirique mais sympathique. Au plus fort de ses plaisanteries de potache installé en fond de classe, il arrive à attendrir, à provoquer, à dénoncer.
Le troubadour urbain, qui fait « La Poche » aux quidams, se souvient de son pote « Norredine » et espère une évolution des préjugés qui marquent à vie les réputations des enfants dit turbulents, ceux là même qui finissent trop souvent abandonnés sur le bord de la route quand ce n’est pas pire encore. Mr Roux est un peu clodo, un peu céleste.
Il traîne la poussière mais elle le drape pour l’hiver et réchauffe les cœurs des auditeurs qui adhérent à son univers. C’est un gosse qui joue à Zorro pour de faux avec une guitare acoustique pour de vrais, des orchestrations agréables, quelques cuivres, un accordéon, des bruits de bar et roulez jeunesse !
Ce n’est pas anodin s’il chante « Le Vaurien » comme Brassens se remémorait « L’Auvergnat » ou s’il invoque « Ma mère la Pute » qui était la profession de prédilection des chansons du vieux moustachu. Comme le maestro de Sete, il est un rien moqueur pour « L’homme Ordinaire » qui est si bien élevé mais qui cache beaucoup de défauts sous sa chemise repassée.
Quoi qu’il en soit : Mr Roux est un vrai remède à la morosité. Ses titres ne sont pas que chantés (voir interprétés dans le strict sens d’acteur) dans l’idée de donner des leçons, ce grand et beau nouveau chansonnier ne fait que croquer quelques faits du quotidien : quand il ne fredonne pas sa « P’tite Pouff » il s’amuse avec l’idée du « Bouffon de la Cité », qui n’est pas celui qu’on croit.
Car dans toutes les chansons de Mr Roux comme dans les fables de La Fontaine : tel est pris qui croyait prendre.
On peut donc être petit et moche et avoir beaucoup de talents.