Arno - Chronique Album "Covers Cocktail" - Pierre Derensy
Il fallait bien s’attendre à ce que le filou d’Arno, plutôt que de travailler à un nouveau disque, fasse le tour du propriétaire de ce qu’il maîtrise depuis une bonne trentaine d’années : c'est-à-dire cheker toutes les reprises qui parsèment pratiquement chacun de ses albums.. Arno, un maître en la matière, qui, si l’envie lui en prenait, ferait une reprise de la brabançonne ou de la marseillaise sur un rythme totalement destroy pour en faire un cantique païen à la diversité.
Bien souvent, s’approprier l’œuvre d’un autre tourne à la catastrophe, avec le belge, vous avez plutôt l’impression que ces titres lui ont toujours appartenu. Il aime ça et cela s’entend. Son timbre de voix y joue pour beaucoup. « Je Suis Sous » de Nougaro a été inventé pour lui, idem pour « Ils Ont Changé Ma Chanson » qu’il partage avec Stephan Eicher.
Et que dire de « Jean Baltazaarr » mixe de Dutronc et de Bowie, qu’il chante avec Beverly Jo Scott. 20 reprises bien à lui donc. Dans un mélange de moments tendres (là où l’artiste se transforme en ours en peluche) sur « Knowing me, Knowing You » qu’on en oublie que ce titre original est l’œuvre d’Abba, jusqu’à « I Want to Break Free » de guingois mais séduisant comme jamais.
Puissant et puisant dans une réinterprétation totale les chansons les plus incongrues ou mythiques, Arno démontre qu’outre un interprète de talent, sa manière de mettre de la margarine sur des chansons variées qui vont de la variété pure et simple au rock pur et dur anglo-saxon, est une ripaille du diable. Voleur, crapule, le flamand tout comme son pays, est d’une ouverture d’esprit sans égal.
En France, nous avons Pagny ou Bruel pour se faire laminer sur cette activité de recommencement, dois je rajouter des arguments pour vous faire naturaliser belge dans l’heure ? Même pour ceux qui auraient l’ensemble de sa discographie prolixe, ce disque est indispensable car mis bout à bout, ce cocktail se boit sans soif.