Ridan retrouve les ondes avec un deuxième album emprunt de nostalgie. Repentir d’un pays où les habitants seraient acceptés pour ce qu’ils sont et non pas pour ce qu’ils représentent dans une généralité de couleurs. Un pays où les gens seraient égaux en droits mais aussi en devoirs, notamment écologiques. Ridan aime la France et n’est pas près de la quitter. Nous sommes heureux d’avoir la même (carte) d’identité que lui, les mêmes combats, les mêmes victoires.
Pierre : Comment se porte Ridan ? Ridan : Ca va pas trop mal ! Pierre : Pour ma part je suis comme toi : ça va car j’ai reçu ton disque mais à son écoute, je suis un peu plombé ! Ridan : J’aurais peut être du offrir de l’Efferalgan avec l’album !(rire) Pierre : Justement en grand migraineux que nous sommes tous les deux, je suis obligé de te demander comment va la tête ? Ridan : Là ça va car l’album est fini. Dorénavant ce sera à toi de prendre des cachets pour le mal de crâne (rire). Pierre : Tu as pris le temps pour sortir ce nouveau disque, tu avais besoin d’un break après « Le rêve ou la vie » ? Ridan : Simplement il faut travailler. Je ne sais pas faire les choses rapidement. Pour faire un disque, tu dois figer un propos, des thèmes, des images dans le temps donc j’aime être sûr de chaque idée, de chaque mot mais aussi de chaque accord. Pierre : L’album débute par « J’en Peux Plus » as tu eu tendance à un moment, à baisser les bras ? Ridan : Plus qu’à un moment. Je dirais que c’est quelque chose qui fait partie de mon quotidien. Ce n’est pas parce que je fais un métier qui de loin ? peut avoir des côtés très angéliques, que dans ma vie tout va bien. C’est difficile d’arpenter toutes les difficultés de la vie et c’est valable pour tout le monde. Pierre : Es tu désabusé face à la bêtise du monde ? Ridan : Pas désabusé mais je suis déçu du manque d’intelligence. Quand tu m’as demandé comment ça allait, je t’ai répondu « pas trop mal », j’aurais pu te dire « bhen pas pire ». C’est l’histoire du verre à moitié plein ou du verre à moitié vide. Pierre : Ce titre « L’ange de mon Démon » ce sont les paradoxes de Ridan ou c’est un clin d’œil au titre du premier album ? Ridan : C’est quelque chose de plus personnel en fait. On est tous entouré de nos petits, voir gros, démons et voilà, il faut faire avec. Il faut aller chercher des espaces de joies, des moments angéliques pour supporter tout ça. Je crois qu’on est capable du meilleur comme du pire et avec ce titre, j’aimerais bien que l’on ne soit capable que du meilleur ! (rire). Pierre : Faut croiser les doigts ? Ridan : Les doigts, et tout ce que tu peux croiser vu la tournure des événements. Pierre : La France tu l’aimes ou tu la quittes, ça te donne envie d’écrire « Rentre Chez toi » ? Ridan : Non ça me donne surtout envie de dire « Bienvenue chez Moi ». La période électorale actuellement est difficile à passer pour beaucoup de monde. J’ose espérer, encore une fois, avec mon fond d’optimisme que la période d’après soit « moins pire » (rire). Il y a eu tellement de slogans écrits sur les murs, des phrases dites n’importe comment et sans réfléchir, tu t’aperçois que certaines personnes sont là pour défendre des convictions, d’autres pour avoir un impact médiatique. La phrase que tu as citée par exemple, est pour moi d’une dangerosité incroyable. Pierre : Ridan ne s’est pas encore fait séduire par l’un ou l’autre des partis pour en faire un people de soutien ? Ridan : Je vais reprendre une phrase de Renaud "le système ne m’attrapera pas !" Pierre : Tu as eu des demandes à ce sujet ? Ridan : Bien sur ! A un moment, ils ont besoin de la crédibilité d’un peu tout le monde et aussi petite que soit la mienne, on peut en avoir besoin. Pierre : La France de Sarkozy…(il me coupe) Ridan : Attention, Sarkozy n’a pas la France. Tu peux me parler de la France, de Sarkozy mais la France de Sarkozy, c’est lui donner beaucoup trop d’importance. Comme l’a dit Jamel, si Sarko passe je fais comme tous les arabes de France : je vais en Suisse (rire). Je retourne dans mon pays. Pierre : Justement n’était ce pas le moment ou jamais pour inverser Ridan en Nadir ? Ridan : Peut être, je n’y ai pas pensé…. De toute manière dans chaque mot ou chaque virgule, soyons bien clair, c’est Nadir qui les écrit. Pierre : Alors pour qui écrit Nadir ? Ridan : Je crois qu’avant d’être riche ou pauvre, blanc ou noir, on est tous des êtres humains. C’est l’humanité qui m’intéresse. Ce n’est pas une catégorie socioprofessionnelle, ce n’est pas une race en particulier. C’est l’humain dans chaque être humain qui m’intéresse. C’est le plus petit maillon de la chaîne qui est capable d’excellence. Pierre : Génial ! j’entends de l’espoir dans ton discours ! Ridan : Bien sur ! Tu vas me dire que dans l’album, il n’y a aucun espoir ? Attention… attention à toi.. tu glisses là ! (rire). Pierre : Non car « On l’aime quand Même » à la fin de l’album souffle un vent frais d’optimisme ! Ridan : Tu te rattrapes bien en analysant parfaitement mon disque. C’est pour ça qu’on débute par « J’en Peux plus » et qu’on termine par « On l’aime Quand Même ». Même le pire de nous même, on finit par l’aimer ! Pierre : C’est un véritable album concept donc ? Ridan : Oui j’ai travaillé en étroite collaboration avec Lionel Florence (rire). Pierre : Pourrais tu me parler de la chanson «Ulysse » ? Ridan : C’est la chanson qui symbolise la conquête de chacun. On fait notre petit parcours initiatique ; on fait notre bonhomme de chemin et finalement ce qui est le plus important c’est la famille. Ulysse a passé énormément de temps contre vents et marées à la conquête de la toison d’or et c’est un peu notre définition à nous de la réussite. La réalité de la vie, c’est tout autre chose : c’est l’amour des siens… enfin à mon sens. Pierre : Encore faut il avoir une Pénélope à la maison pour avoir l’envie de rentrer ? Ridan : oui ! (rire)…. Mais tu ne vas pas me faire croire que tu fais partie de cette majorité qui pense que le physique fait tout ! Comme disait ma mère qui va contredire tout ce que je viens de déclarer, «Les femmes, ce sont toutes des emmerdeuses alors prend la plus belle ». Pierre : Il y a une chanson particulièrement forte, c’est « les Fleurs » est ce facile de résumer en une chanson une histoire millénaire ? Ridan : En regardant non plus l’homme ou la femme mais en regardant l’individu. Dans l’individu, on ne voit pas ni ses convictions religieuses en l’occurrence, ni son appartenance à une société particulière. On regarde le cœur de l’identité. Et quand on touche à ce cœur, on ne peut pas ou l’on ne devrait plus se mettre sur la gueule. Pierre : Ridan est un militant écologiste sur « Objectif Terre » ? Ridan : Non mais l’humanité est le fruit de l’écologie et il serait temps de se comporter convenablement. Car si tu regarde de loin, tu vois que l’homme est capable d’être un virus, une gangrène productive. Maintenant, j’aimerais qu’on ait cette conscience que, dans la production tout n’est pas à acheter, ni à jeter mais restons raisonnable. La raison doit prendre le dessus sur le militantisme économique. Le plus important à mon sens, c’est de se demander si l’on va pouvoir continuer à vivre avant de se demander ce qu’on va bien pouvoir manger. Pierre : Tes concerts vont servir à inviter des associations qui te sont chères ? Ridan : Oui ! La chance qu’apporte la scène doit être reversée. Que l’on puisse faire passer un discours de chaque bouche à chaque oreille. J’ai confiance en une chose, une chose qui peut être totalement vaniteuse, mais je pense que l’art peut faire bouger la conscience des gens. Pierre : Tu n’as pas changé de famille musicale pour ce second opus ? Ridan : On ne change pas une équipe qui gagne ! J’ai pas cherché à modifier la donne, les choses se sont faites naturellement. Pierre : Il y a quelques petites touches, quelques effets mélodiques qui changent pourtant, avec une choral sur un titre par exemple ? Ridan : La choral, c’était une démarche purement réfléchie au préalable. Cette chanson devait aller des enfants à nos oreilles d’adultes grandement polluées et vérolées. Pierre : Tu chantes que tu as « 60 Millions d’Amis » je ne peux pas te l’affirmer mais j’espère au moins que tu puisses en avoir quelques uns sur qui te reposer ? Ridan : Oui t’inquiète j’ai ça chez moi.