Les pour. Les contre. Obispo partage. Divise. Certains le prennent pour un chanteur (apparemment lui pas), d’autres pour un footballeur, enfin les plus amourachés le catalogue dans la vie d’artiste. Rencontre avec le f(ch)auve du bassin d’Arcachon avant sa grande tournée.
Pierre : Commence s’annonce la tournée Pascal Obispo : Elle s’annonce bien. On prévoit de jouer quand même malgré le décès de mon producteur il y a 3 semaines. C’est assez difficile car je travaillais avec lui depuis 15 ans. On va essayer d’être proche de l’album. Ecolo pas mal, avec des chansons sur la dérive des hommes, sur ceux qui ne signent pas les accords de Kyoto par exemple, ou le racisme. On va essayer de faire une tournée humaine. Y aura sans doute un big-band pour revisiter les titres. Il y aura de la magie, des cascades comme la dernière fois. On va reprendre l’ossature de la tournée « Fan » qui avait vraiment bien marché. On va essayer de se positionner comme un artiste qui offre un spectacle et pas un tour de chant. Pierre : Qui fera vos premières parties ? Pascal Obispo : Sûrement Melissa Mars si elle a terminé son propre album et aussi Mokaiesh, qui est un jeune de 20 ans, auteur-chanteur incroyable. Pierre : C’est important pour vous de tendre la main à ces débutants ? Pascal Obispo : C’est important surtout qu’ils ne me lâchent pas en cours de route mais ça c’est normal, le succès monte très vite à la tête. J’ai toujours voulu être compositeur, être chanteur c’est difficile pour moi. Etre chanteur c’est une coïncidence. Pierre : C’est limite de la fausse modestie non ? Pascal Obispo : (s’énervant) Non ! Je ne m’écoute jamais. Je ne me regarde pas en photo et je ne m’écoute pas trop. Ce qui m’intéresse c’est d’être en studio et d’écrire des chansons et de les chanter sur scène parce que j’ai encore la chance de pouvoir. Si vous dites que c’est de la fausse modestie, c’est que vous avez un à priori négatif sur moi ? Je n’aime pas trop cette remarque. Pierre : Non c’est juste que cela me parait surprenant quand on chante plutôt bien comme vous de ne pas « être un chanteur » ? Pascal Obispo : Ecoutez je passe ma vie en studio avec des chanteurs, quelque fois avec des vrais, et parfois avec des faux. Chanter ce n’est pas être chanteur. Roberto Alagna est chanteur, Johnny est chanteur, Daniel Levy est chanteur. Je n’aime pas en plus le côté péjoratif de celui qui se dit « chanteur » est qui veut être devant, qui aime beaucoup ce qu’il est. Pierre : Le narcissique par excellence ? Pascal Obispo : Un peu trop oui. Jamais je ne ferai un spectacle centré sur moi. Pierre : Vous avez lancé un message à vos fans pour qu’ils réalisent des vidéos et des dessins que vous projetterez sur scène ? Pascal Obispo : L’idée c’est de faire participer les gens qui vous donnent la possibilité d’exister. D’utiliser leurs bonnes idées. Ils ont déjà la bonne idée de m’aimer (rire) mais sincèrement de temps en temps, je vois sur les blogs qui me sont consacrés, des personnes qui font de très jolis montages sur différents supports. Quand c’est un exercice de style autour d’une chanson comme j’ai pu le voir sur « Amen », l’un de mes titres, j’ai voulu organiser un concours pour fabriquer et diffuser des images sur scène. Pierre : Installer une interactivité entre la scène et la salle ? Pascal Obispo : Le spectacle que je monte est très interactif, ce sera presque un jeu vidéo. C’est à dire que ce seront deux personnes qui vont arriver sur l’écran de la salle (je ne vous dirais pas qui) et qui vont programmer la création d’un personnage. Fabriquer le chanteur idéal et c’est moi qui vais apparaître après. Je vous rassure tout de suite, entre les 2, je vais expliquer que le chanteur idéal n’existe pas ! Je ne suis pas très chanteur donc je détourne l’attention. Sinon je vais faire pousser des fleurs sur scène. On crée bien des chanteurs en 2 heures, pourquoi pas des fleurs ? Pierre : Vous avez participez pourtant à ces émissions de télé crochet ? Pascal Obispo : Je suis payé à chaque fois, j’y vais pour les associations. 2 fois pour « Ensemble contre le Sida » et la dernière fois c’était pour offrir l’argent à une association qui emmène des enfants qui ne vont jamais à la mer. Pierre : On parle d’une tournée acoustique après l’immense qui se prépare ? Pascal Obispo : Oui avec 2 pianos. A partir de mars 2008 je vais à la rencontre des gens dans des petites salles. J’ai pas toute la structure qui est pesante. Pierre : On vous a vu soutenir Nicolas Hulot ? Pascal Obispo : C’est normal. Il faut que tout le monde se mobilise. Convaincre le futur président de la république de s’investir pour éviter les dérives. Pierre : Votre collaboration avec Lionel Florence semble trouver une apogée avec ce nouvel album ? Pascal Obispo : Je n’interprète pas le rôle qu’il pourrait me confier. Je suis à fleur de peau : j’ai besoin de ressentir mes chansons qui doivent impérativement me ressembler. Mon seul critère pour sélectionner les titres ce sont : les larmes ou la chair de poule. On parle souvent avant, parfois il les fait tout seul ou alors ensemble. On est un vrai binôme. On trouvait du reste, qu’avec ce nouvel album, on avait réussi à faire un bon premier album ensemble. C’est un bon début… on commence à être mieux en ce qui concerne ce que je suis. Pendant 15 ans, je me suis cherché en tant qu’artiste. Souvent les chansons que j’avais écrites pour les autres ont beaucoup marché et moi j’avais un parcourt plus scénique. D’ailleurs j’ai eu pour la première fois d’assez bonne critique et ma foi c’est fort agréable. Pierre : Pour ‘1980’ il y a ce mélange de rock et de new-wave ? Pascal Obispo : J’ai bossé avec David Guetta juste avant de faire mon album. Je me suis donc amusé à composer des chansons de la sorte. J’aime bien danser, j’ai essayé de faire un mélange entre la chanson et le mouvement. Pierre : Au point de déstabiliser les fans ? Pascal Obispo : Si vous ne faites que de la musique qui a plu à un moment donné vous finissez par devenir ce que vous n’êtes pas ! Si les autres sont contents de faire toujours la même chanson, tant mieux pour eux. Je trouve que la musique est très évolutive. J’essaye de changer, d’expérimenter. De faire de la musique dans différents styles quitte à faire des trucs totalement hybrides. Remarquez, si je fais sans arrêt « Lucie » je ne vais pas déstabiliser mais plutôt emmerder. Pierre : Ecrivez vous une chanson en fonction de l’interprète ? Pascal Obispo : En général les chansons que j’écris pour les autres sont spécialement faites pour les autres. C’est à dire qu’ « Allumez le Feu » je n’aurais jamais pu me l’approprier… enfin si, je la chante de temps en temps mais je m’étouffe (rire). Par exemple, je paye mes impôts mais j’ai écrit « Ma Liberté de Penser ». Pour mes chansons, j’essaye que ce soit poétique et accessible. C’est surtout le boulot de Lionel Florence. Pierre : « Lucie » vous l’aviez écrite pour vous ? Pascal Obispo : Non pour Polnareff ! Quand j’écris une chanson je me prends toujours pour un autre. Je suis incapable de dire, je vais faire une chanson à la Obispo. On ne fait que copier les autres. Quand Mac Cartney a composé « Lady Madonna » il s’est pas dit, je vais faire une chanson des Beatles mais une chanson comme Elvis Presley. Tout le monde à des maîtres. Bowie voulait être Bob Dylan. Moi je voulais être Polnareff. J’ai d’ailleurs fait la démonstration que je n’y suis pas arrivé. J’ai souvent fait des chansons en pensant à Michel Berger : « Savoir Aimer », « Sa Raison d’Etre », « Tu trouveras ». Et en fait ça donnait d’autres chansons. C’est une fois qu’on est mort qu’on a un style. Pierre : Que pensez vous d’ailleurs du « retour » de Polnareff ? Pascal Obispo : Il a arrêté pendant 32 ans la scène, en tout cas en France. Il a pas fait d’album depuis 1990. Moi quand j’ai commencé mon parcours, il arrêtait. Il revient, je vais devoir m’arrêter. Pierre : Justement une rumeur disait que vous vouliez arrêter mais avant ce dernier disque ? Pascal Obispo : Si, c’est ce que je vais faire après… vu qu’il revient ! (rire) mais je pense faire un gros break. Je ne vais faire que de la musique en studio. Vous savez quand on vieilli… Pierre : Je ne vous crois pas ! Pascal Obispo : Mais si je vous le dis ! vous me posez des questions et vous ne voulez pas entendre mes réponses. A un moment donné, faut se rendre à l’évidence, on n’a plus le même déhanché. A un moment il faut s’arrêter pour mieux se reconstruire. Disons que je ne prévois rien, toujours faire de la musique oui, mais ne pas courir après quelque chose du style : disque-tournée obligatoire. Pierre : Vous dites, la musique fera toujours de nous des rêveurs, est ce que la musique vous a sauvé du pire ? Pascal Obispo : La musique me sauve de l’inactivité. Je suis passionné par ça. La musique m’a permis de m’exprimer de la meilleure des façons. D’ailleurs je pense que si j’avais un piano vous comprendriez plus mes propos. Parce que vous allez vous concentrer sur ma musique plutôt que sur ce que je pourrais vous raconter. Pierre : C’est un mal français ça ? Pascal Obispo : Je suis pas français moi ! J’essaye de faire des sons, des choses pas franchouillardes. Je me suis toujours appliqué à faire un truc qui n’a pas de tradition française. La tradition française c’est le « non-son », plus c’est crado, plus c’est minimaliste, plus c’est rien, plus c’est français. Il faut du texte par dessus alors que moi j’aime quand ça sonne, que tu mets en marche les enceintes et que le son envahi la pièce. Pierre : Sur l’album il y a aussi un disque de maquette ? Pascal Obispo : On m’a demandé d’offrir quelques titres de manière spéciale et j’ai voulu partager une intimité en offrant des trucs où je chantais en yaourt anglais. Vous avez vu en anglais on peut dire n’importe quoi… c’est presque mieux qu’en français hein ! Pierre : Je voulais savoir ce qui vous passionne dans le football ? Pascal Obispo : Ce que j’aime c’est l’équipe et la compétition. Mais surtout l’idée qu’on ne peut pas gagner un match tout seul. Si tout le monde l’appliquait dans la musique, certains auraient de meilleurs résultats. Surtout si quelqu’un marque, il n’est pas nécessaire de le virer car tu penses faire le jeu à toi tout seul. En musique c’est pareil : il y a toute une équipe qui travaille et il faut la respecter. Tu remarqueras que lorsqu’un artiste ap viré son compositeur il s’est planté derrière. C’est important de respecter les gens qui ont fait ton succès. Ton compositeur, ton auteur.