Selon Chopenhauer et Kant, je les cite : « les brunes ne compteraient pas pour des prunes ». Il suffit d’écouter Mademoiselle K pour en être convaincu. Après un passage chez le coiffeur pour faire tomber ses tifs et quelques références musicales sous le bras, cette jeune femme bien sous tout rapport nous livre son premier opus grandiose « Ca me Vexe » et se propose de vous persuader, guitare en avant, qu’effectivement il y a tout à gagner à ne pas naître et vivre blonde.
Pierre : Pour débuter, comme votre album m’a sorti d’une dépression carabinée à force d’entendre des disques sans saveur, je m’incline devant votre maestria et je vous demande si j’ai le droit de tutoyer Mademoiselle K ? Mademoiselle K : Grave que tu peux ! Pierre : Ce disque étant ce qu’il est et surtout à mon sens un mélange de griffe et de caresses, j’ai décidé de te proposer deux sortes de questions : les questions gentilles et les questions méchantes, je te laisse donc le choix d’aller des unes aux autres, on commence par quoi ? Mademoiselle K : Comme je suis effectivement un peu des deux… tu peux débuter par une question méchante ! Pierre : Je te rassure elles ne sont pas vraiment méchantes… Mademoiselle K : C’est nul alors ! Pierre : Attends avant de juger, peut être que parfois tu risques quand même de te vexer, bref : Dans les années 80 une campagne de pub déclarait « Demain j’enlève le bas » j’aimerais savoir : quand vas tu prendre l’initiative de te retourner sur la pochette où tu te montres topless mais de dos ? Mademoiselle K : (rire) Ecoute ça devrait arriver lors d’un concert si le feeling passe pendant un concert. Je ne vais pas en faire ma marque de fabrique mais c’est pas dit que je me retrouverais pas, au moins en soutif’ si tout simplement il fait super chaud à ce moment. Y a pas de raison que je ne sois pas torse nue comme les mecs car je prêche l’égalité. Pierre : Pour être sérieux parfois, cette image sélectionnée pour te représenter c’était aussi un moyen de te montrer nue face à ta musique et à l’auditeur comme quelqu’un qui n’a jamais triché ? Mademoiselle K : Clairement oui ! Je voulais tout montrer de moi sans ambages, sans fioriture, nature en quelque sorte. Bon passons à une question gentille alors… Pierre : Personnellement je t’invite tout de suite dans ma prochaine soirée et ça me vexerais que tu refuses l’invitation mais surtout j’aimerais connaître quelle chanson de cet album te présenterais le mieux à mes rares amis ? Mademoiselle K : Je serais bien tentée de dire ‘Le Cul entre 2 chaises’ car non seulement elle me parle beaucoup mais elle est représentative de ma personne… Pour être sur de plaire je chanterais ‘Ca me Vexe’ car c’est celle qui apparemment fonctionne le mieux. Pierre : Justement dans « Le Cul Entre Deux Chaises » et « Crève » c’est mademoiselle K qui s’adresse à son homme tout en se dédouanant elle même de ses sales manies ? Mademoiselle K : C’est clairement autobiographique. Même si ‘Le Cul entre 2 chaises’ est écrite à la seconde personne, plus que m’adresser à quelqu’un je me parle à moi-même. Je me fais ma petite morale dans cette chanson. Pierre : Est ce que cet album est une sorte de revanche sur la vie ? Mademoiselle K : Je trouve que « Revanche » c’est trop gros, trop moral dans le style ‘J’ai pris le dessus sur vous tous’. Ca ne me plait pas dans le principe édifiant de dire malgré toutes les crasses que vous m’avez faites j’ai survécu… Mais il y a clairement dans mes chansons une place pour les gens qui rêvent et qui ne réussissent pas à concrétiser, je ne m’adresse pas aux gens qui ont une vie dorée et qui bien souvent sont des gros connards (rire). Je pense que lorsque l’on écrit c’est plus intéressant de raconter ce que l’on a raté. Il y a dans ce disque des titres parfois tristes mais aussi parfois légers et drôles axés sur l’autodérision. Pierre : C’est tout le charme de ta personne, on ne peut te cataloguer dans un registre particulier ? Mademoiselle K : Oui mais franchement à part vraiment les mauvais artistes tu arriverais à cataloguer un bon chanteur ? Pierre : « A l’Ombre » c’est la vie d’un ou une stagiaire embauché(e) dans une maison de disque ? Mademoiselle K : Non ! (rire) j’ai des amis proches qui ont été confrontés au monde de l’entreprise de manière plus brutale que moi, comme j’entendais régulièrement des témoignages assez débectants sur les rapport hiérarchiques j’ai eu l’idée de cette chanson. Personnellement je ne comprends pas que l’on puisse ne pas claquer la porte au bout de 2 jours quand s’installe ce type de choses. Cette chanson s’adresse donc à tous ceux qui n’ont pas le choix et qui doivent le vivre au quotidien. Pierre : Depuis combien de temps ta maman ne te dit plus « quand vas tu enfin trouver un vrai travail ? » Mademoiselle K : Elle ne me l’a jamais dit ! Ma mère n’a jamais été inquiète pour sa fille. C’est surtout je crois car je n’ai pas une attitude de looser. Ma mère a toujours rêvé d’être pianiste, elle a du vachement se projeter à travers moi. Mes parents sont assez fiers de ce que je fais en fait. Pour tout te dire ça m’a fait chier que ma mère aime mes chansons (rire) ce n’est pas rock n’roll du tout !(rire). Pierre : C’est comme lorsque nos parents aiment nos habits ? Mademoiselle K : Oui ! J’avais très peur de lui faire écouter ‘Crève’ par exemple. Et quand je lui ai fait écouter elle a adoré. C’était incroyable. J’étais sur le cul. C’était agréable d’un coté mais j’ai eu une période où j’ai eu du mal à assumer cette chanson car je pensais aller trop loin. Après l’enregistrement j’ai eu un vrai passage à vide car je ne savais pas ce que j’allais faire de ma vie. Maintenant j’en suis fier, j’assume pleinement d’avoir écrit ces chansons, c’est ultra important de ne pas se mettre de barrières. Il y a tellement de gens qui se censurent. Pierre : Pendant l’enregistrement, t’a t’on dit d’y aller mollo parfois ? Mademoiselle K : Non ! j’aurais changé de maisons de disque si l’on m’avait dit ça. Ou je n’aurais pas fait d’album. Ma maison de disque désirait avoir un artiste « Vrai » et c’est tant mieux que ce soit moi qui fut choisie. Pierre : Dans le dossier de presse on dit de toi que tu es une amatrice de verveine et de chocolat pour expliquer que tu es quelqu’un de bien loin de l’image convenue d’une chanteuse rock, qui t’a demandé de supprimer le fait que tu voteras pour Sarkozy en 2007 ? Mademoiselle K : «(rire) Je ne suis pas engagée politiquement donc je ne l’aurais pas marqué… même si je te rassure je ne voterais pas pour lui. J’ai du mal avec les artistes qui utilisent leurs voix pour défendre un projet politique. Je pense qu’il faut être très cultivé pour affirmer certaines choses, bon je ne suis pas non plus totalement stupide : déjà je ne suis pas de droite mais même si j’étais à gauche et que tout d’un coup j’avais envie de retourner ma veste je ne voterais pas pour Sarkozy. Pierre : Mais la verveine et le chocolat c’est vrai ? Mademoiselle K : Je te le dis tout de suite je m’amuserais pas à dire un truc pour faire bien. C’est véridique : je bois très peu et je ne fume pas : ni les clopes ni le reste. Après un concert j’ai dû boire un whisky et j’étais totalement bourrée. Pierre : Au fait : 700 millions de chinois et toi, et toi et toi, ça fait quoi de partir jouer là bas ? Mademoiselle K : Je vais te renvoyer et envoyer tout le monde à mon blog où je m’exprime sur cette expérience. Globalement c’était génial. C’était notre première vraie tournée. Ce fut très formateur pour le groupe. Là bas on a eu un public super et un public disons ‘mouton’… ce qui m’a plu c’est qu’ils ont adhéré même sans comprendre les textes. C’est très important par rapport au carcan du texte made in France. Pierre : Dans ta bio on apprend que tu as eu une révélation au bois de Boulogne face à un guitariste mais étais tu certaine que c’était juste un guitariste ? Mademoiselle K : Tu sais que j’ai toujours cette photo dans ma chambre où justement je suis en train de courir en me marrant vers ce type. Je peux pas te dire que ce fut un déclic, cela s’est fait naturellement au fil du temps, ma mère m’a inscrite à un éveil musical quand j’avais 6 ans et j’ai vraiment kiffé, ensuite mon grand-père m’a offert une guitare et j’ai adoré gratter dessus comme tous les gosses qui ont une activité sportive. Je le faisais naturellement mais pas 10 heures par jour poussée par la famille. Ensuite à l’adolescence la musique m’a beaucoup aidé comme pour beaucoup d’autres ado. La musique a toujours été là pour me porter et pour exprimer les douleurs que j’avais. Enfin j’ai rencontré ma prof de musique au lycée qui était chef d’orchestre et qui était une femme de caractère. Elle est ma mère spirituelle, c’est grâce à elle que j’ai découvert le classique, le jazz… Pierre : C’était beaucoup plus intéressant que de passer le CAPES ? Mademoiselle K : Je voulais vraiment faire de la musique et on m’a aiguillé sur le fait de devenir prof plutôt que d’enquiller les boulots à deux balles car c’était bien payé et ça me laissait du temps pour composer (rire). Donc j’ai dis ok je vais faire ça et comme j’ai raté le concours je n’avais plus rien à perdre j’ai fait ce que j’aimais vraiment. Et tout c’est passé parfaitement bien pour moi. Mais prof c’est comme artiste finalement tu te retrouves seul face à un auditoire. C’est un vrai défi d’arriver à chopper leur attention et à les intéresser sur une matière. Pierre : Au « Final » de ton disque tu t’adresses à ton public en demandant si cela lui a plu, doutes tu du résultat ? Mademoiselle K : Ce n’est pas douter c’est juste une question pour me rassurer. Le plus important pour moi c’est d’aimer ce que je fais et donc à partir de là je ne doute pas. Ce que je demande aux autres c’est de me rassurer. Cette question de ‘Est ce que vous reviendrez’ c’est la question d’une personne qui veut qu’on l’aime. Pierre : Tu reviens faire un rappel d’ailleurs sur l’album si on laisse traîner le disque sur play ? Mademoiselle K : Au début je voulais la mettre clairement sur l’album, mais vu le texte c’était plus marrant de la mettre en chanson cachée. J’aime bien cette idée de mettre une piste cachée ! Pierre : Mais pourquoi ce besoin de cacher ? Mademoiselle K : Je suis quelqu’un d’assez joueur. J’aime bien surprendre. Ca va être de moins en moins une chanson cachée vu que tu dévoiles le poteau rose ! Ce titre est aussi une blague rock n’roll qui se fout pas mal de la gueule des groupes français qui chantent en anglais mais qui n’ont pas grand chose à raconter. Je sais que ces groupes là se fouteront de ma gueule en disant ‘c’est qui cette meuf’ qui veut faire du rock mais vu qu’elle chante en français c’est de la variet’, etc… je les vois venir Pierre : Bon allez une question méchante : vu tes origines : qu’en est il de cette rumeur comme quoi les polonais boivent comme des trous ? Mademoiselle K : Alors là ce sont mes origines de l’Est qui vont remonter et c’est le genre de question qui me vexe énormément. (rire) Comme en France c’est du vin plutôt que de la vodka ça met juste plus de temps à se voir. Pierre : On dit dans les conversations de bons comptoirs que psychologiquement quand une femme se coupe les cheveux c’est qu’elle change de mec, toi c’est plutôt là que tu as pleinement décidé de devenir chanteuse ? Mademoiselle K : Je l’étais déjà avant. Par contre ça a commencé à bien marché quand je me suis coupé les cheveux. Moi on m’a dit que lorsqu’une fille se coupe les cheveux c’est qu’elle se détache de sa mère, qu’elle coupe le cordon ombilicale. Pierre : Ton album sort le 21 août, tu as déjà et tu vas jouer devant des gens qui n’ont pas pu entendre ton disque, comment fais tu pour alpaguer ces personne qui ne savent pas (encore) qui est Mademoiselle K ? Mademoiselle K : En rentrant de Chine mes musiciens et moi-même nous nous sommes dit que le public français serait plus difficile « à avoir ». Du coup on va donner 10 fois plus que par le passé pour les prendre et les retourner Pierre : Tu chantes l’état pathologique des jalouses. Sais tu que les jalouses sont en fait dans cet état car elles même ont dans la tête l’envie de tromper, quand est ce qu’on se voit ? Mademoiselle K : Et bien écoute on se voit à mon prochain concert…»