Au delà du personnage M, Matthieu Chedid est avant tout un humaniste. De passage au festival Artrock (Saint Brieuc), il nous a accordé une interview où il évoque sa tournée (les moments forts), ses influences et surtout son respect vis à vis de son public.
David : A l'avenir, y aura t il un changement de look ou de mise en scène ? M : Pour l'instant, je vie chaque moment, chaque tournée, chaque album a un peu sa couleur, son ambiance, c'est vrai que je suis un peu binaire dans ma tete, je fais les choses par étapes et pour cet album j'ai un peu envi de faire évoluer cet univers là et ce personnage à pour l'instant ce look, cette identité là. Evidemment je me laisse toutes les portes ouvertes pour la suite mais je fais les choses par étapes, j'aime bien la cohérence, c'est un mot qui revient souvent, j'aime que les choses ont un vrai sens et chaque album est lié a sa tournée quelque part, par rapport a "Qui de Nous Deux" a cette tournée d'aujourd'hui, quand j'imagine quelques images, ça à des couleurs, une identité et c'est très important que chaque période de ma vie soit définie soit claire, pour l'instant c'est cet album là cette tournée là et puis après c'est la porte ouverte à plein d'autres choses, est ce que je vais arreter le personnage, est ce que je vais le faire évoluer, est ce que je fais le changer, heureusement je planifie, les choses sont tellement planifiés au niveau de la tournée, les dates, je sais déjà ce que je fais en Février 2005, etc... ça c'est déjà un peu lourd que tout ce qui est artistique je reste libre et me laisse toutes les portes ouvertes. David : Les moments forts de ta tournée ? M : Il y en a plusieurs, y en a des catastrophiques aussi, de temps en temps y a des trucs magiques, notamment à l' Olympia, y a un type dans la salle qui avait déjà une belle allure, un beau black, je l'ai senti tout de suite, il est monté avec son sweet autour de la taille et puis son blouson, il était très scénique parce qu'il arrivait en tant que public, il a enlevé son sweet et a remis son blouson et est passé du public à la Rock Star en deux secondes et en plus de ça, il a fait une performance insensée, c'est a dire que dans l'école de la Soul Musique, il s'est mis à chanter à danser d'une manière dingue et il a scotché tout le monde, tout ça avec beaucoup d'humilité et de classe, c'était impressionnant. David : Les moments forts (la suite....) M : En tout cas ce qui est bien, c'est que grace à Internet, il nous a laissé un petit message, a priori je ne cherche pas non plus a faire de la Star Ac, j'aime bien l'idée de casser ce miroir, cette glace entre la scène et la salle parce qu'elle existe vraiment, je m'apercois que parfois les gens parlent en se disant qu'on ne peut absolument pas les entendre alors qu'ils sont à 5 metres de toi, comme ci ils étaient devant la TV, alors moi j'essaye de briser ça, d'autres le font et c'est vrai que le fait d'inviter quelqu'un à jouer, lui passer ma guitare, ca permet de casser un peu cette glace épaisse, c'est important et ça me met plus à l'aise également et puis on vit un vrai moment, je suis conscient que pour certaines personnes, ce sont aussi des moments assez rare dans leur vie et sans spécialement devoir etre indispensable pour les gens, je trouve ça bien de vivre de vrai expériences. Moi même je réagis toujours en tant que public et j'aurais aimé que l'on fasse ça pour moi donc j'essaye de le faire pour les autres. David : Si tu avais carte blanche sur un festival, tu inviterais qui ? M : Je pourrais inviter Mathieu Boogaerts, je pourrais inviter Brigitte Fontaine, la liste serait longue, des musiciens, des gens moins connus, en même temps déjà avec mon groupe que j'ai sur scène, j'ai l'impression d'etre dans un collectif, je n'ai pas l'impression d'avoir des musiciens et d'etre le chanteur, déjà j'ai l'impression d'etre avec des artistes et d'avoir inviter quelque part quatre artistes avec moi à faire une tournée. Je suis vraiment dans le sentiment de partage et puis la liste serait tellement longue, j'aime bien diversifié les plaisirs, et ne pas m'enfermer meme parfois collaborer avec OFX, un groupe de rap, ils m'ont demandé de venir faire la chanteuse, de faire le choriste sur un morceau à eux, c'était rigolo, j'aime bien casser les schémas, plus l'experience est variée plus ça me plait. David : Dans une précédente interview, Keziah jones a vanté vos qualités de musicien. M : C'est toujours délicat, le regard de l'autre c'est ce qui te fait exister, sans l'autre on ne serait pas grand chose, un musicien qui chante tout seul, il peut s'amuser un peu mais au bout d'un moment, il tourne en rond, on a besoin du vécu de l'autre, du regard de l'autre, après l'autre ça peut etre un anonyme, une star, alors évidemment c'est un musicien extraordinaire donc ça me touche enormement, mais je crois que ca me touche autant qui que ce soit, je ne cherche pas à faire de la musique pour un musicien, je fais de la musique pour les gens qu'ils soient musiciens ou boulangers, quelque part les deux m'interesse autant. David : Tes influences musicales ? M : Les influences sont des choses digérées, moi ce qui m'interesse c'est ce qui m'échappe, les influences sont dans le subconscient, ce n'est pas une volonté de vouloir faire un truc un peu lenonnien où machin, c'est vrai qu'il y a des choses qui sont en soi, je pense aux Beatles en tout cas, j'ai vachement écouté et vu l'anthologie des Beatles que je vous conseille a tous Fan de musique si vous l'etes, c'est la leçon ultime à mon avis, il y a un DVD avec toute la carrière des Beatles, la c'est la lecon ultime car elle est à tout niveau, ca va de l'ecriture en passant par l'arrangement, pour moi c'est vraiment la lecon ultime et c'est vrai qu'en regardant ça avec les musiciens quand nous etions en seance, ça a donné des clefs en tout cas des leçons, de travail par rapport à ce qu'ils ont fait qui était quand meme insensé. C'est con de dire ça car les Beatles tout le monde le sait, mais c'est quand meme une évidence, très au dessus. David : Le festival des Vieilles Charrues ? M : C'est un des festivals les plus fort parce qu'il est très impressionnant vu le nombre de gens, hormis ça, il y a un etat d'esprit familial et humain tout a fait touchant, et puis a chaque que j'y ai été, il y a des moments assez forts qui sont restés gravés pour moi, pour toutes ces raisons là, il y a un coté un peu culte dans ce festival, ils ont tous leur charme mais celui là à un truc en plus. David : En ce moment, trouves tu le temp de composer ? M : Non je n'arrive pas beaucoup à composer en ce moment, ça pompe enormement d'energie et le temps qu'il me reste, c'est du temps pour affiner le spéctacle, parce que le spéctacle a depuis le début toujours été en construction, je n'ai jamais fait le même spéctacle, parfois c'est à des nuances près, à des chansons près, mais il a vachement évolué depuis le début, on a tellement envi de faire un spéctacle cohérent que ça prends trop de place pour faire autres choses. Alors Oui y a des petites choses, une chanson pour un film, mais ce sont de petites choses très ponctuels. Erwan : Le piratage et Internet ? M : Le piratage, ça fait peur, je pense surtout à plein d'artistes qui ont besoin d'exister, et qui ne vendent plus de disques, c'est dur. C'est beaucoup lié à la surinformation aussi parce qu'il y a tellement de choses tout le temps. Le piratage c'est une manière de remettre en question plein de choses, je crois que les sièges poussiéreux de tous ces gens installés dans leur Major, ils finissaient par être vraiment dans le cynisme absolu, honnetement y a des gens très bien dans ce métier là aussi, faut savoir qu'on peut tomber facilement dans un confort et qu'il faut bousculer ces gens là. Y a un coté très sain, mais il faut savoir aussi que journalistiquement les gens exagèrent énormement parce qu'il y a plein plein d'artistes qui n'ont pas été viré par qui que ce soit, il y a eu quelques vérités mais la plupart des autres, je dirais qu'il y en a un de bon sur 10, une grosse désinformation sur des gens dont on dit qu'ils n'ont plus de contrat. On accentue la psychose, sinon y a aussi l'envi d'un changement, c'est vrai que l'on va arriver dans d'autres formes dans d'autres façon de faire, je trouve ça plutot très positif, alors c'est vrai que là on est dans le monde du chaos mais je pense que c'est pour arriver a d'autres façons de faire. D'ailleurs les petits Labels prennent une place plus importante, ce n'est pas que négatif. David : La Star Academy et la real tv ? M : C'est un peu facile de cracher sur ses trucs là, il y aura toujours ça, il y a toujours eu plus ou moins ça, ça dégénère un peu par le coté médiatique, ce coté préfabriqué y a toujours eu plus où moins çà. Dans ces gens là, il y en a surement qui ont du talents, c'est surtout dangereux pour ces jeunes gens qui ne sont pas très armés et qui font tout pour croire qu'ils sont au sommet, mais c'est à court termes et c'est vrai que c'est très violent. Maintenant je suis comme tout public, ça m'arrive de regarder ce genre d'émission, de m'amuser et on s'amuse souvent car personne n'est dupe, je ne prends pas les gens pour les cons, la plupart des gens qui regardent ça, y a ceux qui aiment bien mais y a aussi ceux qui se marrent avec, donc on a tous regardé. Une fois ils m'ont piégé, ils m'ont filmé meme 20 secondes sur scène, c'était pas du tout une volonté, ils m'ont pillé des images sur scène, et je suis passé 20 secondes à la Star Ac, ce qui est sur c'est que le lendemain tout le monde m'a appelé, donc tout le monde voit cette émission, voilà je crois que c'est facile après d'étre ironique et de casser mais en meme temps tout le monde regarde plus ou moins. David : Le Dvd de la rentrée, d'ou es venu l'idée ? M : En fait, c'est ma soeur qui est impliquée sur ce projet là, inspirée sans doute à l'époque de ces videos que l'on achetait il y a 10 ou 15 ans de guitaristes, je pense à Joe Pass qui racontait comment il joue techniquement avec des partitions qui passent au ralenti en dessous et moi j'ai appris avec ce genre de vidéos, ma soeur voulait me voir travailler la dessus et quand elle a vu le DVD, le contenu interactif, elle a eu un flash, pourquoi ne pas donner de leçon de musique, maintenant avec des technologies de plus en plus poussés, donc on a fait un pilote ensemble, donc on peut choisir son instruments, décider d'entendre plus la batterie, tout ca filmer avec 5 caméras donc 5 visions, c'est très ludique et interactif. Meme si l'on est pas musicien, c'est un expérience rigolote.