Florent Marchet - Chronique Album "Rio Baril" - Pierre Derensy
C’est en plein western, en panoplie de cow-boy avec les flingues en mains que l’on a retrouvé paraît-il Florent Marchet, disparu depuis peu des scènes (il a beaucoup tourné) et heureux d’être à nouveau dans les bacs de disques pour passer du scalp de la découverte à celui de confirmation.
Florent qui avait déjà bien fait parler de lui avec son premier album « Gargilesse » se battrait donc en duel avec son naturel pasticheur. Son premier opus était un disque qui correspondait à sa mémoire : des petites chroniques sur la vie ordinaire.
Cette fois terminé, le trou perdu d’un village du Berry, Marchet plutôt que de transposer la vérité dans sa musique sous forme de sous-entendus, s’invente un décor pour faire évoluer ses chansons à l’intérieur. Relatant dans un album concept et sous forme de road-movie ses propres déboires avec le monde des grands. Il fait d’ailleurs passer son personnage de l’enfance à l’âge adulte en une douzaine de titres.
Il est donc en plein Far-West tout en sachant pour paraphraser Michel Delpech, que ça ne le dégoûte pas d’avoir les deux pieds dans la boue, car il lui reste une bonne part de maquignon français. Le pistolero est devenu fier de sa monture et sur de son coup. Accompagné de quelques partenaires aux mines patibulaires de la chanson française comme Katerine, Dominique A, Erik Arnaud ou l’auteur Arnaud Catherine, il transfère toutes ces fieffées canailles à sa solde, dans une ville imaginaire et s’en retrouve d’un coup, plus urbain mais toujours très cinglant.
Peignant la société qui nous encercle et la transposant dans le chimérique, il souhaite peut être faire un remake de la Nuit du Chasseur en Mitchum love et hate, inscrit sur les articulations de doigts. Car l’artiste, qui se cache derrière le justicier de cette localité limite Grolandaise, est musicien (ça s’entend), littéraire (ça se lit) et critique (ça s’approuve).
L’introduction qui s’intitule « Le Belvedère » pourrait se greffer facilement à n’importe quel spectacle où le sujet serait les grands espaces. Singulier, subversif, toujours touchant, avec des arrangements tout en corde et cuivre qui damneraient le pion à tout les compositeurs de westerns spaghettis, il est doué ce cavalier, capable de dompter un destrier sauvage.
La source ne se tarie jamais tout au long du circuit touristique où chacun en prend pour son grade et où Florent Marchet ne s’autorise aucune limite.
A coup sur, ce film-disque si vous arrivez à le suivre dans ses pérégrinations, se terminera par un happy-end.