Daniel Darc - Chronique Album "De Beaux Jours à venir" - Pierre Derensy
Si vous détachez la voix de Daniel Darc de la musique, si vous ne gardez que ses propos vous vous rendrez compte qu’il est une sorte de bébé doué de la parole à l’article de la mort après une vie entière d’existence où les coups se rendent, où la joue esquive l’impacte de la réalité en gardant cette candeur que seuls les enfants ont au fond du cœur. Dans « Amours Suprêmes » Darc est au summum de son art pour faire un mélange de ses goûts (qu’on cadenasse trop vite entre Céline et Johnny Cash alors qu’il y aurait tant de modèles à citer). Le voilà depuis « Crève Cœur » d’il y a 4 ans, plongé dans un bain de sang auto-constructeur. La mythologie du personnage est dure à porter, alors en compagnie de Frédéric Lo et de quelques musiciens triés sur le volet dont Robert Wyatt dans « Ca ne Sert à Rien » qui prouve qu’un souffle et une voix suffisent à embellir un titre, les deux comparses se complètent pour touches par touches faire du neuf avec du vieux. Dis moi qui tu aimes je te dirais qui tu es.
Les 2 premières chansons « Les Remords » et « J’irai au Paradis » filent une belle leçon à tous les pseudo rockeurs post Noir Désir et rappellent à notre souvenir que l’amour de la vie est dur à supporter. Les percussions tutélaires, la guitare gainée de cuir et l’électronique pourléchée sur un talk-over impeccable, peuvent se marier et raconter l’histoire d’une veuve joyeuse en quelque sorte.
Morgane Imbeaud du groupe Cocoon, qui après Murat prête son timbre de voix à ce disque et fait la transition entre le frisson du single et le duo avec Bashung.
L’album s’enfonce ensuite dans le magistral tant au niveau des textes que sur la musique qui varie dans plusieurs directions avec des titres comme « La Seule Fille sur Terre » magnifique chanson d’amour de bistrot enfumée ou « Ca ne Sert à Rien » bourlingué par une bossa-nova étonnante.
Jusqu’au bout du disque, l’écrivain derrière le chanteur arrive en 2 rimes à mettre tout le monde d’accord. Ca va, ça vient, c’est amer, pertinent, jamais inutile. « La Vie est Mortelle » est une sorte de psaume moderne ou le religieux Darc exprime sa philosophie de la survie dans la normalité des autres. On sort du disque avec « Environ » et s’il ne dispose de « presque moins que rien » c’est déjà beaucoup pour un seul homme.
J’aurais aimé dire un peu de mal de ce disque mais là vraiment ce serait mentir pour le plaisir de détruire.