Saez - Chronique Album "Yellow Tricycle" - Pierre Derensy
Je m’attendais à ce qu’on parle un peu plus de ce disque. En bien ou en mal cela m’importait peu. Mais je m’aperçois que le silence qui pèse au dessus des épaules de Damien Saez a la vie coriace. Pas facile certes de se faire une idée juste, une juste idée de ce qu’il est ou de ce qu’il fait. Avec ce « A Lover Prayer » on touche à son album dit ‘en anglais’. Un projet « blair witch » de la musique sur lequel il est difficile de parler au vu de peux d’infos qui circulent à ce propos.
Alors véritable canular ou réel insoumission aux dictats des quotas de chanson française ? Impossible d’y répondre. En ce qui concerne le son, le disque, la musique et les titres, ce tricycle jaune zigzag entre le plagiat de Nirvana sur « White Noise » ou la rage des Smashing-Pumpkins sur « Numb ». Un auditeur lambda pourrait retrouver des influences « à la ». Que ce soit pour Jeff Buckley et même Radiohead.
Dans un certain sens la musique n’est plus à inventer depuis longtemps et s’approprier des ambiances, des atmosphères d’illustres prédécesseurs n’est pas forcement un défaut rédhibitoire. Et pouvait il faire sonner, en français dans le texte, les cloches de la mélancolie comme il le fait sur le titre éponyme au nom du projet ?
Certainement. D’ailleurs : je l’ai entendu sur son dernier triple album « Paris-Varsovie-L’Halambra » (dans l’ordre qu’il vous plaira). La voix aidant, le timbre chagrin, la deuxième partie du disque est un régal d’atmosphère triste avec des lueurs d’espoirs de ci, de là, là ou le spleen se conjugue de manière irrégulière.
Quoi qu’il en soit, quoi qu’il en reste : chapeau bas à Damien Saez d’essayer de bousculer les clivages. Cela me rappelle un soir de Victoire de la Musique… mais ceci est une autre histoire.