Anais - Chronique Album "The Love Album" - Pierre Derensy
Le premier album d’Anaïs avait tourné, à force de bouche à oreille et de concerts « célibataires » en phénomène de foire. Qui ne connaissait pas son « Cheap Show » en 2005 se devait de l’avoir dans sa discothèque en 2006 pour reprendre en cœur « Mon Cœur- Mon amour ». La masse l’avait adoubé, autant dire que je me faisais un plaisir de la renier au profit d’une autre Croze et d’un autre prénom. Juste par principe de ne pas avoir le goût de tout le monde et parce que je sais bien que l’élu de cœur vous tombe dans les bras quand vous faites semblant de lui préférer sa meilleure amie qui est moins belle, moins douée bref moins bonne.
Mon stratagème a donc marché. La voilà de retour et je vous demande avec insistance de ne pas lui réserver le même traitement que pour son précédent disque. « The Love Album » is my album ! A la limite je veux bien le partager avec les fans de Dan the Automator qui a enregistré cette merveille. Alors oui, elle sait toujours mettre en place des situations et des sujets pour en faire des chansons. Bien sur elle tourne dans le bac générationnel de la trentenaire un rien désabusée et excentrique pour la forme.
Maniant le second degré avec délectation. Mais comme elle a quitté la défroque de chansonnière, mi Laurent Gerra mi Linda Lemay, au profit d’une vraie carrière d’artiste capable de prendre le top du top pour l’aider à accoucher d’un disque yé-yé rock : on la découvre plus belle que bête, plus adorable encore que Carla Sarkozy en duo avec Vincent Delerm.
L’orchestre de musiciens qui apparaît sur ce disque met un gros coup de booster à sa carrière et porte son propos sur un socle bien stable qui prend sa source dans le sensuel et l’orgiastique. « The Love Album » est une matière première impeccable pour préparer une tournée qui sera forcement un plaisir à ne pas trop divulguer dans les chaumières afin de ne pas réitérer l’expérience d’un karaoké collectif sur « I Love You ». Cette fois c’est décidé on se la garde et on ne la propose pas aux auditeurs d’RTL.
Elle peut bien faire semblant de s’offrir un duo avec Chris Isaak en double de moi-même, je n’y crois pas. A tel point que je doute parfois que ce soit la même Croze qui se soit installé derrière le micro pour donner de la voix. Quoi qu’il en soit : ce disque ne pouvait pas porter un meilleur titre pour affirmer notre liaison.