Avec son premier disque « Adieu Pony », Constance Verluca, s’exhibe. A poil, pas commerciale, mais une telle personnalité qu’on ne peut qu’être sous le charme. Elle se dirige directement dans une niche inexplorée de la chanteuse un rien déjantée, qui assume ses faiblesses et en fait des forces vives et drôles. Son album où elle ne s’interdit rien en thèmes dévoyés : prête à sourire jaune, quand à sa musique folk elle accompagne cette jeune femme libérée sur les traces des chanteurs américains qui savent que les belles histoires commencent et finissent bien souvent mal. Mais c’est ça qu’on attend d’un album : qu’il ne censure pas l’acidité de l’existence.
Pierre : Avant ce premier disque, que faisait Constance dans la vie ? Constance Verluca : Des choses qui m’amusaient beaucoup mais qui n’étaient ni très publiques, ni très lucratives. Je faisais des petits travaux pour gagner un peu d’argent mais comme je ne dépense pas beaucoup, je n’avais pas besoin de beaucoup travailler. Et pour tout vous dire, la vie était super belle. Pierre : Apparemment tu n’as couché avec personne pour y arriver, est ce pour ça que tu as du attendre 32 ans ? Constance Verluca : Exactement ! maintenant je vais coucher avec tout le monde pour faire très vite un second album. Pierre : Tout dans l’album est autobiographique ou presque ? Constance Verluca : Dans l’émotion oui, mais dans les faits non pas du tout, je n’ai jamais eu de camarades de classe très laides et collantes, je n’ai jamais dragué un vieux dans un casino. Pierre : Sérieusement, tu t’attaques à des sujets presque tabous dans l’espoir de choquer ou simplement provoquer une gène qui amène à un questionnement ? Constance Verluca : Vraiment, quand j’écris mes chansons, tout le temps avec Julien Hirsinger, on fait ça pour s’amuser. Toute chose qui nous semble à la fois juste et amusante, nous parait bonne à écrire. Jamais on s’est dit, on va leur en foutre plein la gueule et on va les titiller. Ce n’est pas dans mes intentions. Ce que je trouve tabou, ce sont les choses fausses ou idiotes. Nos chansons ne le sont pas. Pierre : Quand on se présente aux maisons de disques avec ces chansons, c’est facile à vendre ? Constance Verluca : C’est pas moi qui l’ai fait ! d’où l’intérêt d’avoir un manager qui essuie les réactions des gens de maisons de disque. Pierre : C’est pour ça que tu as écrit « Majeure » c’est pour t’imposer au moins dans les pays asiatiques et rentabiliser ton contrat ? Constance Verluca : Oui ! (rire) mais je ne sais pas chez Warner, ils ne m’ont pas encore parlé d’ouvrir le marché japonais… je comprends pas toujours leur but ! (rire). Pierre : Pourquoi ce titre « Adieu Pony » ? Constance Verluca : Pony c’était le groupe de Julien et moi, c’était un groupe pas vraiment existant qui était constitué de 2 personnes non-musiciennes : nous deux et de très rares fois nous sommes allés les chanter dans des bars. Voilà la courte et joyeuse vie de Pony. Pierre : La couleur de l’album est assez rock n’roll dans les paroles alors que la musique est plus folk, qui a commencé à préparer le hold-up entre vous deux ? Constance Verluca : On est vraiment pareil. On n’est pas complémentaire mais très en phase. Cet album vient juste de notre goût pour la plaisanterie et nous permet de nous amuser l’un et l’autre. Pierre : Est ce que Constance a déjà utilisé la méthode couet pour se sécuriser d’être exceptionnelle ? Constance Verluca : Je m’en fous d’être exceptionnelle ! je ne me réveille pas avec cette envie. La seule chose que j’appelle comme sentiment en ce moment, c’est lorsque je dois monter sur scène pour faire mes concerts et que je n’ai pas le trac. La seule chose que j’appelle c’est plutôt la peur car elle me paraît nécessaire pour ne pas être trop mauvaise. Pierre : Comment as tu rencontré Noah Georgeson ? Constance Verluca : J’ai mis très longtemps pour me décider dans le choix du réalisateur. Autant avec Julien, quand on s’est rencontré, c’était naturel, simple et évident mais après, la personne pour orchestrer ça, car on n’est pas très bon ingénieur du son que ce soit lui ou moi, fut très difficile. La maison de disque m’a proposé une liste de gens qui ne me convenaient pas du tout alors j’ai tout simplement regardé les disques que j’ai chez moi et j’ai noté les noms des producteurs des albums que j’aime. Malheureusement, ils étaient soit morts ou très malades, vieux ou plus du tout compétents car c’était souvent des disques des années 60, des trucs de Johnny Cash un peu lointain. Jusqu’au jour où j’étais dans un magasin de disques et j’ai trouvé l’album de Devendra Banhart et j’ai été très heureusement frappée par la qualité du son. Le son de la guitare qui était celui que je voulais. Noah arrivait à faire ressortir la simplicité des interprétations. Après, cela s’est fait très simplement, je lui ai envoyé les morceaux que l’on faisait avec notre 4 pistes et je pense que cela lui a plu. Pierre : Mais il comprenait les paroles de vos chansons ? Constance Verluca : Pas du tout, mais assez consciencieusement, en bonne élève que je suis, j’avais traduit les textes en anglais mais il s’en fichait un peu. Il me demandait juste de quoi parlait la chanson. J’étais d’ailleurs un peu embarrassée de lui dire de quoi ça parlait alors parfois, juste parfois, je mentais ! (rire) C’est un garçon très doux, très sage et j’avais l’impression d’être un tank parfois. Je sais que pour « Je simule » j’ai totalement menti. Pierre : Acceptes tu que chanteuse soit ton métier ? Constance Verluca : Je ne maîtrise pas encore bien mon statut. Je n’ai pas encore réalisé que chanter puisse être un métier. Déjà, je ne me suis jamais écoutée donc je ne peux pas te donner plus de détails sur ce point (rire). Pierre : Pourquoi il y a un gros blanc à la fin de « Matt Dillon » ? Constance Verluca : Encore une fois pour s’amuser : on a juste chercher quelle était la bonne longueur de temps pour que les gens se disent ‘Tiens le disque est terminé’ et juste au moment où ils vont éteindre leur chaîne, un autre titre démarre. On a vraiment mimé la scène pour chronométrer le temps. Pierre : Faire la première partie de Miossec, c’est facile ? Constance Verluca : J’ai aucun point de comparaison, je peux juste dire que c’est vraiment très chouette. Quand mon manager m’a appelé pour me dire que je faisais une première partie, ma première réaction fut de me demander si j’étais vraiment obligée de le faire, j’avais une espèce de nausée à l’idée d’être dans des endroits inconnus, en dehors de Paris… pis je connaissais pas ni Miossec, ni sa musique mais ça y est, je suis limite dépendante maintenant. Pierre : C’est quoi la bonne raison d’avoir le blues aujourd’hui pour toi ? Constance Verluca : La liste est longue ! D’être dans sa peau, d’être réveillée et d’être la même personne. Qu’est ce qui me fout le blues sinon ???? hum ça fait longtemps finalement que je n’en ai pas eu et c’est comme les rages de dents, j’oublie ce qui était horrible quand ça va bien. N’essaye pas de me replonger dans de mauvais souvenirs. Pierre : Avec un disque comme ‘Adieu Pony’ tu as vraiment tué ta mère ? Constance Verluca : Hors de question ! je n’ai jamais voulu. Ma mère a écouté et elle adore. Sa chanson préférée c’est «Vive le Chocolat » pour le moment. Mais c’est curieux car à la fin de l’enregistrement, je lui avais fait une copie du disque alors qu’elle m’avait déjà vu plusieurs fois en concert, et bizarrement elle était supposée les connaître mais là elle me téléphone et me dit « T’es gonflée tout de même !