Chronique Album

Valhere - Chronique Album "Attrape Moi" - Pierre Derensy


Cela fait quelques temps que j’entends parler d’une révélation, une sorcière noire des scènes avec une voix qui tremblerait entre le cristal et le parpaing, capable de briser net les cœurs les plus endurcis. Ces jours ci, pauvre comme job de nouveaux talents, j’ai reçu le premier album de Valhère : « Attrape Moi ». Valhère c’est le nom à la consonne près d’une cuisine. Pourtant 12 titres après j’avais beaucoup moins de goguenardises en stock. On ne se moque pas impunément d’une femme portant la culotte qui irait bien à Bashung et consort.

Comme Bourges est loin de chez moi, impossible de savoir qu’elle fut remarquée dès 2005 aux Découvertes du même Printemps. En ce temps là, elle nous faisait le coup de l’artiste acoustique, je ne regrette donc pas de la découvrir que maintenant. Maintenant qu’elle a confié quelques instruments électriques à des garçons comme Denis Barthe, Jean Paul Roy ou Vincent Bosler, qui viennent avec un bon sale son de guitares, des cordes mélodieuses (Gustavo Beytelmann, collaborateur de Gotan Project, est de cette master classe pour signer les arrangements) et des crocs à faire peur aux pires matous du coins.

Quand à ses textes, car madame à l’audace d’écrire des phrases en forme de délits, c’est digne d’une dentelle de Bruges pris en main par la plume de Ferré. Résolument rock sur beaucoup de pistes, cette diva intrigante qui lèche ses mots et les restitues d’un crachat a tout pour plaire même lorsqu’elle revient à ses premières amours acoustiques.

Ses portraits d’anonymes rythmés à l’hydrogène sont autant de lettres à la mer, espérons que toutes ces bouteilles trouvent leurs propriétaires et qu’elles se fracassent sur vos corps immobiles pour faire raisonner la vie. Vive l’ivresse de cette femme tord-tueuse.

Et même si elle chante si bien qu’elle ne fait que courir, essayons de l’attraper définitivement pour la garder très longtemps.