Françoise Hardy - Chronique Album "Parenthèses ..." - Pierre Derensy
13 à table portent parfois bonheur. Françoise Hardy ayant convié 12 convives qui lui sont chers à s’attabler en sa compagnie, sur des reprises ou certains anciens titres de son répertoire, a touché le jackpot. La sainte femme trust les premières places des ventes et en ces temps difficile, c’est osé de faire briller la qualité sans artifice, louable aussi de l’encenser encore plus. Ces invités qui se mettent en accord d’apporter leur voix à ce dessein étonnant, sont tous de merveilleux interprètes et reprennent dans des duos parfois improbables (Alain Delon ou Julio Iglesias) mais souvent incontestables (Dutronc père et fils, Benjamin Biolay) une collection de titres qui sont les préférés de la dame.
Le casting est digne des meilleurs films de studio de la chanson française. Sans pour autant respecter au pied de la lettre la partition, les chansons délicatement agencées sont des miracles avec le fil tendu de la voix protectrice et cajoleuse de Françoise Hardy.
De Bashung qui l'escorte sur « Que Reste-t-il de nos Amours » au piano d’Hélène Grimaud qui fait rêver sur « La Valse des Regrets » tout est doux et ajusté.
On n’est pourtant pas dans un remake des soirées de Maritie et Gilbert Carpentier car l’amour éclectique pour la musique de l’instigatrice du projet fait des aboutements entre l’ancienne et la nouvelle génération d’artistes, se montrant exigeante et a le droit de l’être (faisant plier de bonne grâce par exemple un Rodolphe Burger dans sa tonalité vocale), elle dispose d’un panel et d’un goût sans frontière : c’est pourquoi Ben Christophers sur un « My Beautiful Demon » qui est assurément la chanson la plus accomplie du disque, se retrouve guidé, via un chien d’aveugle clairvoyant, par le flair de Françoise Hardy qui connaît le bon à chanter du mauvais à écarter prestement de cet album.