Chronique Album

Eté 67 - Chronique Album "Eté 67" - Pierre Derensy


Les chats sauvages chantaient en 1962 «Quand vient la fin de l'été sur la plage, Il faut alors se quitter peut-être pour toujours», heureusement le sextet d’Eté 67 met fin à l’angoisse du peut être et du toujours sans tomber dans la nostalgie.

Effectivement qu’il faut voir dans ce nom de groupe un clin d’œil à la contre culture hippie du Summer of Love, mais même s’ils aiment les mélodies pop à l’anglo-saxonne, ils décident d’écrire en français pour divulguer des choses, donner du sens afin que leurs chansons parlent aux gens.

Au vu du caractère des protagonistes, certainement sans accorder aucun regard à la chanson dopant une carrière et ce malgré l’introduction de l’opus qui s’intitule «Les Pilules » tube homéopathique, ces natifs de Tilff (banlieue de Liège) casent des titres insolents, doux, dur et dingues.

Un album qui ne sera pas mythique mais peut être important. Eté 67 est un alcool sucré, pleins de sève, qui brûle parfois la gorge.

Quand certains adolescents intelligents descendus enfin de leur Tokio Hotel mais restant surexcités viendront au rock progressif et qu’ils installeront « Eté 67 » sur le podium des groupes phares francophones, que ces mêmes têtes blondes à dreadlocks nous tirerons la langue de leur supériorité on pourra leur répondre qu’à notre époque nous aussi nous avions fait un hit des Rita-Mitsouko sur le cancer avant eux et ce « Quartier de la Gare », parions illico la débandades de farandoles ou la dislocation de pogo hormonales à l’idée de ce beau tableau des voyageurs pressés de mourir.

On poursuit l’album dans une poésie surréaliste à rythmes jazzy sur « Eva », et cette fille qui parle, parle, parle, on la ressent saoulante certes mais vivante sous le timbre de la voix, femme argentine grisant nos oreilles de tango ou simplement argentique pour nous souvenir qu’à une époque la photo comme la chanson avait un prix de qualité avant d’être imprimé sur papier ou sur CD.

Outre la reprise de «On nous Cache Tout On nous Dit Rien », il y a du Dutronc sur leur propre composition comme dans «Marcher Droit» qui propulse les bonnes manières dans la poubelle de la collocation, du Louise Attaque festif sur « Dit Moi Encore », on boit autant que sur un disque de Miossec via «Si Vous Voulez de Moi ».

Bref à l’écoute de ce coup de Bang ! Cette glorieuse maison de disques voguant sur le succès d’artistes phénoménaux comme Ghinzu, Girls In Hawaii ou Jeronimo, ces Wallons redonnent des couleurs au bleu ciel de la coloration marine de mamie yéyé, du piment saxophoniste pour une Bar Mitzvah, de l’allant vers la réunification des jeunes et vieux de tous les pays.

Ils ne sont pas fous ils s’intéressent juste à la liberté de composer des albums hivers comme été.